L'homme qui voulut peindre la mer et autres nouvelles - Tristan Koëgel

De quoi ça parle ?

C'est un recueil de nouvelles que propose ici Tristan Koëgel. Vivant à Marseille, c'est autour de la mer que s'axent chacune de ses sept histoires indépendantes au registre fantastique. On a droit à l'histoire d' une pâtissière dont les gâteaux rendent heureux les gens, d'un enfant né d'une sirène ou encore d'un homme qui veut figer sur la toile quelque chose d'aussi insaisissable que de l'eau...

Et c'est bien ? 

★★☆


D'une vingtaine de pages chacune, ces nouvelles nous embarquent dans des univers et des registres totalement différents à chaque fois : tantôt terrifiant, ou dramatique, tantôt ironique ou fantastique, même mythologique. 

Ce que je retiens pourtant, c'est la noirceur de ces récits. La mort ou la sorcellerie est présente à chaque fois. Les destins de ces hommes et femmes rencontrés sont donc antinomiquement vibrants et effrayants. On retrouve pour chaque histoire des personnages forts, qui s'affirment, dans un monde qui n'est pas si doux et beaux. Des personnages qui vont faire des sacrifices pour être libres. Leur désir d'échapper à leur quotidien les pousse à braver les interdits. 
Toutes les histoires sont dures émotionnellement. Bien qu'elles restent dans le domaine de l'imaginaire ou de la mythologie pour la plupart, on sent le poids de la réalité. Pour cela, je pense que ce recueil doit être lu par un public averti. Un public adulte qui en captera davantage les nuances.

La mer a toujours une consonance car Koëgel a choisi des lieux situés autour de la méditerranée : la Sicile, l'Espagne, la France... La mer est le reflet de l'âme des personnages, ils s'y attachent ou s'y noient. On sent sa présence dans chaque histoire. La mer créée un lien entre ces histoires de vies, qui ne se ressemblent absolument pas.

Quant aux nouvelles en elle-mêmes, je ne vais pas vous les résumer, mais seulement vous parler de mes préférées. 

La première histoire nous emporte dans la pâtisserie de Victoria qui fait des gâteaux si bons que se ruent chaque jour des centaine d'habitués. Et ces gâteaux semblent avoir une réaction positive chez tous les gourmands. Cette histoire nous emporte réellement dans un monde féerique. bien que petit à petit, le fantastique se met en place, apportant des touches d'ombres à ce personnage...  J'ai adoré cette première nouvelle qui met bien dans l'ambiance un peu feutré de ce recueil. 

La mise en plis raconte l'histoire d'un salon de coiffure avec ses coiffeuses serviables et dynamiques alors que le patron est ignoble et condescendant, mais celles-ci, désirant garder leur travail, ne répliquent jamais. Un jour, Awa se retrouve face au cadavre du patron. Que va t-elle faire ? Encore une histoire bien sombre ( je vous l'avais dit) mais qui prouve de la volonté des femmes, de leur courage.

La Harga est émouvante. Elle fait partie de ces récits qui marque, que j'adore par dessus tout. On est en Algérie et l'appel de la harga, la traversée de la mer pour rejoindre l'Europe et vivre plus décemment, mijote dans la tête de Chamseddine. Est-il prêt à tout abandonné ? Cette histoire est touchante.

Enfin, la nouvelle qui donne son titre au livre parle d'un garçon peintre qui devient fou en essayant de reproduire le mouvement de l'eau sur sa toile. Avec beaucoup de justesse, l'auteur parle de ce mal être face à l’élément.

Alors oui, je ne mets que deux étoiles, car je n'ai pas été séduite par toutes les histoires, peu m'ont vraiment marquées, dont je me souviens après plusieurs jours. peut-être ne suis-je pas fan des nouvelles, on n'a pas le temps de rentrer vraiment dans l'univers et en tant qu’adepte des trilogies, il y a une grande différence. J'ai par exemple était davantage charmée par d'autres romans de Tristan Koëgel comme Les sandales de Rama. Mais je ne retire en rien la qualité littéraire de ces récits. Certaines histoires sont très belles. J'ai pour ma part, seulement effleurer la surface de l'eau, sans plonger.

En résumé, un beau recueil, qui se lit en plusieurs fois, afin de savourer chaque histoire, jour après jour. Il manque peut-être de notes d'espoirs à mon gout mais l'écriture très belle et presque magique, et ce don pour raconter, saura en ravir plus d'un.

L'homme qui voulut peindre la mer et autres nouvelles - Tristan Koëgel
Didier jeunesse
178 pages
Dès 13 ans

Merci à Lecteurs.com pour l'envoi.

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