Sans foi ni loi - Marion Brunet / Le dernier sur la plaine - Nathalie Bernard

2 romans de cow-boys et d'indiens, 2 très beaux livres. Cette rentrée se fait Ouest-Américain et conquête de liberté.

Sans foi ni loi - Marion Brunet 
PKJ (224 pages) - Dès 15 ans

★★★★★

De quoi ça parle ? 
Alors qu'il est tranquillement chez lui, Garett est kidnappé par Ab Stenson, célèbre hors-la-loi recherchée. Dès lors, il fuit avec elle à cheval, poursuivi par le shérif à travers les plaines et les saloons. Cette épopée sera pour lui le moyen d'apprendre à la connaître, elle, si mystérieuse, mais aussi à se connaître lui-même.

C'est bien ? 

Merci Marion Brunet pour cette belle épopée au cœur de l’Ouest américain. Même si je n’aurais pas rechignée (loin de là) à lire encore une centaine de pages en plus, tant je me suis attachée aux personnages. Car oui, ce qui fait la force de ce roman ce sont ces personnages et la relation entre Abigaïl Stenson, femme cow-boy sans peur et sans reproche, n’hésitant pas à jouer de la gachette et Garett, fils de Pasteur, kidnappé par cette dernière.
Des scènes de vies de saloon et de ranch nous font apprécier l’ambiance western de ces années en Amérique alors que les chercheurs d’or s’activent et les bisons fuient. L’ambiance on la devine, par ci par là, par un jeu de carte, un lynchage de nègre, l’alcool coulant à flot. Et puis il y a Garett, qui s’attache à sa ravisseuse, parce qu’elle représente tout ce qu’il s’est toujours refusé, et qu’on lui a refusé : la liberté. C’est une femme courageuse, s’habillant en homme, refusant les clichés et un mode de vie trop bien rangé pour une femme de cette époque qui n’a pas d’autre choix que de s’unir à un homme ou de vendre son corps pour vivre. Ab Stenson c’est une hors-la-loi indomptable qui parcourt l’Amérique en n’hésitant pas à tirer sur quiconque se met en travers de son chemin. Elle ne ne laisse pas faire. En kidnappant Garett, Ab ne pensait pas que le garçon la suivrait jusqu’au bout. Avec elle, il rencontre l’amitié : des gosses des rues, fils de prostitués, indiens… mais aussi l’amour avec la belle Jenny, danseuse dans un saloon. Il oublie son lourd passé avec son père violent et la bible omniprésente. Ces deux-là se sont trouvés! Il la fait rire de son innocence, elle lui apprend à affronter la vie.

C’est une si belle histoire, initiatique, violente, on reste dans un western, mais tourné vers deux vies qui s’entremêlent l’espace de quelques mois, pour chacun s’apporter quelque chose. Beaucoup de sentiments exprimées, de rêves divulgués et de thématiques abordées: l'éducation, la religion, les persécutions des Indiens etc...

Gros coup de cœur pour ce roman poignant ! 
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Le dernier sur la plaine - Nathalie Bernard
Thierry Magnier (368 pages) Dès 13 ans

★★★★☆

De quoi ça parle ? 
Voici l'histoire de Quanah Parker, fils d'un grand chef commanche et d'une mère aux yeux clairs. Né Kwana, puis devenant Kwinhai "l'aigle", il cherche à vivre libre sur les plaines américaines malgré les blancs qui mangent son territoire, les tribus qui le rejettent pour ses origines, les aléas de la vie... L'histoire d'un indien qui se bat pour sa culture.

C'est bien ? 

J'avais une telle attente de ce roman. Moi et les romans d'Indiens, c'est une folle histoire d'amour. Alors au début, j'étais déçue je l'avoue. Ça se lit bien, on s'immerge totalement dans les plaines des territoires comanche dans la tribu de Kwana avec une écriture fine. Mais c'est long, j'ai trouvé ça long. Je me perds dans les dates, ce n'est pas logique. Le héros passe de tribu en tribu, comme une boucle qui n'en finit pas. Un éternel recommencement.
Et puis, je me rend compte que c'est ça, être indien : sillonner les herbes hautes avec les indiens, partir chasser le bison, monter son tipi pour la nuit, fumer le calumet... C'est sentir et découvrir le paysage, avant que ne vienne l'aventure, le destin, cheveux dans le vent sur un mustang.
Et lorsqu'elle arrive cette aventure, on souffre pour notre héros, qui grandit de la perte de sa famille menacée par les Rangers, de sa désertion dans le désert américain, de sa retrouvaille avec une autre tribu dans laquelle il doit s'intégrer, du manque d'eau, de son amitié avec son cheval, des vols orchestrés pour survivre. Et être constamment chassé de chez-soi, devoir fuir, sans cesse.
Nathalie Bernard parvient à nous exprimer tant de sentiments dans cette quête de liberté par le héros qu'on finit par lâcher prise, ne plus réfléchir et se laisser emporter.
Alors oui, peut-être avais-je trop d'attente, mais cette belle histoire vaut la peine d'être lue.
C'est celle d'un enfant puis d'un homme qui passera sa vie à fuir et à se battre pour sa culture, pour ses paysages qu'il ne octroie pas mais dans lesquels il s'estime le droit de vivre.
Un destin accéléré par la présence des blancs et de leur envie de tout s'approprier, de planter des fermes dans les vastes plaines, d'emprisonner les indiens dans les réserves. De tout détruire.
Poignant et douloureux, à lire et à méditer.

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