L'élan Ewenki - Blackcrane, Jiu Er

L'élan Ewenki - Blackcrane, Jiu Er
Rue du monde ( 48 pages)
Dès 6 ans

★★★★★

De quoi ça parle ? 

Alors que le chasseur Guéli Shenké chasse en pleine forêt, il tue par mégarde une mère élan. Son petit faon, effrayé, se retrouve seul. Le chasseur décide de l'emmener jusqu'à son village et de l'apprivoiser.

C'est bien ?

Qu'est-ce que c'est beau !

D'abord, il y a le pouvoir des mots. Blackrane, célèbre auteur chinois, raconte la Mongolie-intérieure. L'histoire de ce chasseur, éleveur de rennes dans les montagnes, qui croit tuer un mâle élan, se retrouve démuni devant la présence d'un bébé faon dans la forêt, seul. Celui-ci le suit jusqu'à son village et affamé, dévalise tout sous la tente. Guéli Shenké le nourrit, s'en occupe, l'apprivoise. Cette relation entre l'animal et l'homme se fait tout doucement, avec beaucoup de tâtonnement et de tendresse, jusqu'à ce qu'ils deviennent inséparables. Le faon devenu élan accompagne le chasseur partout, se prend pour un renne, éloigne les moustiques du troupeau de rennes, défend le village. Mais Guéli vieillit. Il décide d'aller habiter en ville, dans une zone plus accessible. L'élan ne s’habitue pas aux barrières, aux chiens, à la nourriture fabriquée. Malgré son état, Guéli n'a de cesse de contenter son bel élan. Il le ramène près de sa forêt. Malgré son affection, il sait qu'il n'est pas fait pour vivre avec les hommes. Et s'il n'est plus là, qui veillera sur lui ? Il va devoir le laisser refaire sa vie, parmi les autres animaux sauvages. Ici, un texte narratif qui porte une histoire forte, sans fioritures.

Ensuite, Il y a la beauté des illustrations. On est complétement projeté dans les paysages montagneux, les forêts gigantesques. Il y a beaucoup de tendresse exprimée à travers les traits du visage, les expressions des animaux et les couleurs utilisées. L'histoire commence dans des teintes sépia, grises puis à la découverte du faon, le décor prend toute sa vie avec la couleur des feuillages, des baies et de la fourrure de l'animal. On est parfois dans le crayonné, parfois dans l'aquarelle. C'est très beau et raffiné.

Et puis, Il y a l'émotion procurée par cette amitié sincère et fidèle d'un animal sauvage et d'un chasseur. On a les larmes aux yeux tout du long. Surtout cette fin ... C'est vivant, ça nous happe, on succombe.

Vous l'aurez compris, j'ai été subjuguée par ce voyage aux confins de l'Asie. On y trouve tous son compte. 
C'est un album sublime.

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