Les chroniques de l'érable et du cerisier. tome 1 : Le masque de Nô



Les chroniques de l'érable et du cerisier. tome 1 : Le masque de Nô
Camille Monceaux
Gallimard jeunesse (dès 14 ans)

★★★★★

C'est quoi ? 

Voici une plongée dans le Japon du XVIIème siècle avec ses samouraïs et son théâtre du Kabuki. Contemplatif, ce roman nous invite à suivre le jeune Ichiro, apprenant à manier le sabre comme un vrai guerrier avec son maître jusqu'à la mort de celui-ci. Fuyant son meurtrier mais désirant se venger aussi, ses pas le conduiront jusqu'à la ville d'Edo (anciennement Tokyo) où de rencontres en rencontres, il travaillera dans un théâtre. Là, un nouveau monde s'offre à lui, celui du spectacle, des danses, des récitations. Un jour, dans un jardin, il découvre une jeune fille au visage caché par un masque, sa curiosité est exacerbé. Mais il n'oublie pas pour autant le meurtrier de son maître. 

C'est bien ? 

Ici, point de longs combats ou de trahisons de trône comme on peut le lire dans le Clan des Otori, mais une quête initiatique et des rencontres qui jalonnent le parcours de notre héros. Il passera par divers maisons, divers noms aussi pour se cacher, se chercher, nouer des liens. Les personnages secondaires ont une grande importance, la quête d'Ichiro se construisant avec eux. Il y a Daichi le poète fou amoureux d'une courtisane. Shin, un jeune vendeur d'éventails passionné de théâtre ou encore Hiinahime le fameux personnage qui donne son nom au premier tome dont l'histoire fascine. Chaque personnage a sa propre vie, est extrêmement développé et c'est ce qui donne une grande force au récit.

C'est aussi cette abondance de détails et de descriptions qui rendent ce livre vrai. On est immergé dans un Japon précis, dans des ruelles qui sentent une certaine odeur, dans des modes de vies qui sont décrits à la perfection. On découvre une société cadenassée avec ses propres codes, violente, sans compromis avec le poids de la religion et de la haine des chrétiens. 

L'autrice a fait le choix d'aborder la place du nouveau théâtre Kabuki, ouvert à des femmes, des danseuses et courtisanes maquillées. Ces prostituées légales coutaient moins chères que de vrais acteurs. C'est très intéressant de le voir ainsi évoqué dans un roman jeunesse. J'ai été fascinée par tout ces moments de répétition, de costumes, à l'abri des regards derrière une boutique. 

On parle aussi de Samouraï dans ce roman, le jeune Ichiro ayant été éduqué à manier un sabre. Mais l'ascension vers les écoles de guerrier est rude et fortement politisé et cette thématique ne prend pas le pas sur les autres. Les samouraïs sont simplement omniprésents autour du héros: dans la rue, dans ses pensées, dans sa vengeance. Ils sont les garants de la sécurité.

C'est un beau roman, écrit à la manière d'un conte, un peu long au début mais qui prend tout son intérêt lors de l'arrivée à Edo. On se ballade, on vit des aventures passionnantes... J'ai vraiment beaucoup aimé ce voyage. A la fin du premier tome, on reste cependant sur notre faim: beaucoup de questions qui attendent une réponse et cette histoire du masque de Nô qui ne peut pas se terminer ainsi! Non! Mais ce n'est qu'un détail. Accrochez-vous et laissez-vous tenter. 

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