L'Ickabog - J.K Rowling
Gallimard jeunesse (dès 11 ans)
C'est quoi ?
L'Ickabog, cette créature légendaire marécageuse, certains y croient et en ont peur, d'autres nient son existence. Dans le royaume de Cornucopia, les deux conseillers du roi, cupides, vont en faire leur filon. Sous prétexte d'aider le Royaume à combattre le monstre, les impôts pleuvent, les gens s'appauvrissent, les prisons se remplissent de traîtres. Et le roi: ne voit rien de tout cela. Cette propagande de l'état si bien tournée va devoir être mise au tapis par deux adolescents malins et courageux: Daisy et Bert et leurs alliés.
C'est bien?
Le nouveau J.K Rowling, je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi bien. Ce petit conte politique offre ce qu'il faut d'actions, d'amitiés, de propos brillants et de réflexions sur le monde et le pouvoir. On retrouve l'écriture qu'on a connu d'elle dans les Contes de Beedle le Barde. Ici, elle nous raconte une histoire, et on écoute, aveuglément. Parce que les leçons qu'on pourrait en tirer sont nombreuses.
Ce petit conte a une terrible histoire. Dans ce pays fait de fromages, de bonnes charcuteries et pâtisseries, une ombre rôde: ce fameux monstre que personne n'a vu mais qui cause bien des tracas. Et les deux conseillers du roi, cruels, l'ont bien compris. Ils vont réussir à amadouer le roi, qui veut à tout prix être bien vu par son peuple, en mettant en place une série de lois destinées en apparence à tuer la créature mais qui s'avèrent être des marques flagrantes de despotisme. Le roi ne voit rien venir alors qu'autour de lui, les morts et les prisonniers se multiplient, la population s'affaiblit, ceux qui remettent en cause ces lois sont vus comme des traitres... Rien ne va plus en Cornucopia.
J.K Rowling nous offre une histoire sur l'abus de pouvoir, la corruption et la terreur provoqués par la cupidité d'un ou deux hommes. Personne n'ose se rebeller car tous ont quelque chose à perdre, et la peur se répand dans les foyers. Il y a beaucoup d'intelligence et d'humour cocasse dans ce petit conte. Les personnages sont si bien travaillés: chacun a son trait caractéristique qui font leur valeur ou leur déshonneur, le courage, la ruse, le mépris et la cruauté. Avec une écriture simple mais pleine de saveur ( et une traduction de Clémentine Beauvais), voici un voyage étonnant et sans détour dans les méandres du pouvoir politique et des croyances populaires. Une belle fable, mon dernier coup de cœur de 2020.
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